Entretien

Marco Locurcio

Un guitariste italien basé en Belgique, au carrefour du jazz, de rock et de l’électro

Ce jeune et talentueux guitariste est venu nous présenter son nouvel album Jama tout juste sorti de presse. C’est un album de compositions originales, aux mélodies simples et éblouissantes, où le jazz se mêle à des atmosphères rock, pop et parfois même électro. Il revient sur son parcours musical, ses influences et ses premiers pas comme musicien professionnel.


J’ai commencé la musique assez tôt. C’est mon père qui m’a enseigné les rudiments de la guitare parce qu’il en jouait un petit peu. On a tout de suite compris que je jouerais de la guitare et mon frère de la batterie. On a commencé à faire des petits groupes dans les garages avec les copains. Au début c’était plutôt du rock. Et puis, j’ai commencé à écouter du jazz grâce à un professeur de guitare de Bruxelles. Il m’a fait écouter les premiers disques de Scofield et de Mike Stern. Et j’ai flashé dessus.

J’étais fan de Police et donc de Sting et, dans son album solo « Bringing on the Night », il s’était entouré de bons musiciens jazz comme Branford Marsalis ou Kenny Kirkland. C’est donc grâce à ces albums que j’ai commencé à écouter du jazz et à me passionner toujours un peu plus, tout en gardant un pied dans le rock.

Après le lycée, j’ai décidé d’aller étudier la guitare aux Etats-Unis, à Los Angeles. C’était une super école, une expérience très enrichissante. C’est très différent de l’enseignement européen. On y apprend la musique en s’immergeant complètement. Il y avait plein de supers guitaristes qui venaient et se mélangeaient aux élèves, c’était un échange continu. Ensuite, je suis revenu en Italie où j’ai enregistré mon premier album. C’était en quintet avec mon frère, un saxophoniste argentin qui habitait à Rome et d’autres musiciens italiens. Puis je suis venu étudier ici à Bruxelles au conservatoire. J’ai commencé à jouer avec les musiciens de la scène belge et je suis resté.

  • Quelle est l’histoire de ce nouvel album JAMA ?

Ce sont les mêmes musiciens que pour l’album Julia is asleep sauf la section rythmique. Parce que je voulais un certain type de batteur avec un jeu bien particulier. Et ici en Belgique, il n’y avait que Maxime Lenssens ou Stéphane Galland et c’était plus simple d’avoir Maxime. Quant à Nicolas Lherbette, c’est un bassiste que je connais depuis très longtemps. C’est surtout une question d’affinités personnelles et musicales, condition absolue pour faire un groupe et monter un projet. Enfin, le label Lyrae Records a mis de l’argent et c’est comme ça que le disque est né.

  • Comment s’est déroulé l’enregistrement ?

Depuis un an, mon frère et moi nous sommes lancés dans l’aventure un peu folle d’ouvrir un studio d’enregistrement à Rome. J’ai donc voulu enregistrer l’album là-bas. J’avais envie de faire un disque très abouti.

Nous avons d’abord enregistré le disque tous ensemble comme un disque de jazz traditionnel, puis j’ai ajouté du violon, des loops, des parties de guitare et de piano. J’ai ensuite travaillé par petits bouts, de-ci, de-là… Jusqu’à ce qu’en juin, content du résultat je puisse mixer.

C’était la première fois que j’enregistrais et que je mixais mon album. Je l’avais déjà fait pour d’autres mais jamais pour mon propre album. C’est très difficile d’avoir le recul nécessaire. J’ai eu des phases de crise où je faisais différentes versions d’un morceau mais avec juste une différence de 0,5 décibels pour la caisse claire par exemple !

  • En effet, quand on écoute votre album, on sent qu’il a été beaucoup travaillé, qu’il est très mélodique. Avez-vous cherché à rendre votre musique plus accessible ?

Je crois que ça sort comme ça. Je ne pense pas que cela soit vraiment une volonté particulière de rendre ma musique plus accessible. Je suis comme ça. J’aime bien quand il y a une harmonie. Ca vient aussi de mes influences « pop ». Il y a beaucoup d’harmonies dans cet album qui sont issues de la même grille d’accords et qui ne changent pas la tonalité générale.

  • Quelles ont été les influences de cet album ?

Avec Jama, j’avais en tête un son particulier, une sonorité qui mélangerait toutes mes influences. Que ce soit la musique pop, la musique rock, le jazz, l’improvisation ou même l’électro. Je crois que j’y suis presque arrivé. C’est une démarche que je commence à entreprendre et que j’ai encore envie de développer. Je veux essayer de faire une vaste fusion avec tous les styles qui m’influencent.

  • Quelles sont les différences entre Jama et le précédent album Julia Is Asleep ?

Je trouve que celui-ci est déjà un peu plus courageux. J’ai plus osé. Il est aussi beaucoup plus produit. Le son est différent également. Il est un peu plus électrique. Dans Julia Is Asleep, il y avait une contrebasse. Ici, il n’y a que de la basse électrique. Je pense que ces deux albums sont dans la même lignée, ils sont cohérents sauf que celui-ci représente un pas supplémentaire. Une évolution.

  • Quels sont vos projets futurs ?

Je vais enregistrer un autre disque de jazz avec Quatre et je vais aussi faire des concerts pour la promotion de Jama. Mais en ce moment, je suis surtout occupé à l’écriture du scénario d’un long métrage dont le tournage devrait commencer en janvier. Du moins, je l’espère.