Scènes

Robin Verheyen et Harmen Fraanje en duo

Compte rendu d’un concert au Musée Charlier de Bruxelles le 17/01/2005


L’association des musiciens de jazz belge « Les Lundis d’Hortense » organise une série de concerts de midi en solo ou duo répartis entre Musée des Instruments de Musique et le Musée Charlier, deux salles qui présentent l’avantage de ne nécessiter aucune amplification.

Cette saison 2005-2006 a déjà vu de mémorables rencontres entre la pianiste Nathalie Loriers et le bassiste Philippe Aerts, ou encore entre le batteur Michel Debrulle et le saxophoniste français Sébastien Texier.

Robin Verheyen © Jos L. Knaepen

Le premier concert de 2006 fait place aux jeunes : le saxophoniste belge Robin Verheyen et le pianiste néerlandais Harmen Fraanje. Verheyen est peut-être le membre le plus médiatisé de la dernière génération de musiciens de jazz belge (d’autres talents se profilent à l’horizon, comme le jeune pianiste Casimir Liberski). Jusqu’à présent, il avait été assez peu enregistré (au sein de Saxkartel, par exemple), mais en mars sortira sur De Werf son premier album en tant que leader. On y retrouvera Fraanje, justement.

Le concert commence sur des accords de piano lents et graves qui donnent le temps (et l’envie !) à l’auditeur de s’immerger dans les quarante-cinq minutes de musique ininterrompue qui vont suivre. Verheyen ajoute quelques longues notes de soprano qui renforcent l’atmosphère, tous deux développent une ambiance calme mais revigorée par l’utilisation de gammes au son un peu folklorique, ainsi que par une interaction poussée.

Les deux musiciens continueront ainsi, jusqu’au bout, à dialoguer et voguer entre jeu libre, accords empruntés à des standards et recherche sonore - par exemple, en étouffant de manière très subtile certaines cordes du piano avec sa main gauche, Fraanje évoque le gamelan et la kora. De son côté, Verheyen adopte tantôt une sonorité légère, floue et sombre qui rappelle celles des saxophonistes de l’école Tristano, tantôt un timbre plus acéré et articulé.

Harmen Fraanje © Jos L. Knaepen

La qualité de l’écoute entre les deux instrumentistes permet aux rôles de changer, de s’inverser ou de se mélanger. Ainsi, Verheyen peut se faire accompagnateur du pianiste, mais il arrive aussi que les deux interlocuteurs entrelacent leur lignes mélodiques afin de créer un bloc de son uni et délicieusement déroutant.