Chronique

Anthony Laguerre et les Percussions de Strasbourg

Myotis V

Anthony Laguerre (comp, amplification, électronique, Revox B77), Léa Koster (perc), Théo His-Mahier (perc), François Papirer (perc), Enrico Pedicone (perc).

Label / Distribution : Sérotine Records

D’innombrables lignes s’entrecroisent, fines, lourdes, en continu, en pointillé, toutes convergent vers une exploration sonore dénommée Myotis V où la diversité est de mise. Anthony Laguerre est ingénieur du son et ingénieux, son instrument de prédilection, la batterie, est détourné afin d’y intégrer des microphones pour restituer des sonorités inusitées avec des haut-parleurs. Originaire de Nancy, il a le goût du risque et de la recherche musicale, à l’exemple de cette ville qui fait depuis longtemps la part belle aux musiques contemporaines et libertaires.

Dans cette aventure artistique, Anthony Laguerre partage le fruit de ses recherches avec Léa Koster, Théo His-Mahier, François Papirer et Enrico Pedicone. Les membranophones et les idiophones se révèlent ici sous de nouveaux jours : « Myotis V . I » affiche un spectre sonore quasi inaudible au départ, qui préfigure le chaos sonore binaire de « Myotis V . II » emportant tout sur son passage, tel un ouragan. La linéarité exacerbée de « Myotis V . III » envahit l’espace, les timbres subtilement entremêlés accentuent l’impact de la matière sonore. L’utilisation du mythique magnétophone Revox B77 rend hommage à l’excellence de la technicité analogique, témoin d’une époque révolue. Tel un bâtisseur de sons fécond, Anthony Laguerre sublime l’électronique dans « Myotis V . V », la diffusion spectrale devient alors primordiale et donne une impulsion créatrice à cette courte pièce de moins d’une minute.

Le coup de maître de l’album est la longue composition « Myotis V . VII » qui apparaît comme un exutoire. La montée en puissance de cette œuvre et l’intégration originale de la voix humaine en font une réussite, une porte ouverte sur l’Orient fantasmé.

Tel un explorateur de contrées vierges, Anthony Laguerre, tout autant compositeur que technicien, retranscrit avec passion dans Myotis V son voyage d’érudit.