Chronique

Audrey Lauro

Sous un ciel d’écailles

Audrey Lauro (as, fx).

Label / Distribution : El Negocito Records

C’est un disque sans paroles. Qui n’en nécessite pas. Installée en Belgique, la saxophoniste Audrey Lauro, à l’alto et aux dispositifs à bandes magnétiques, nous invite Sous un ciel d’écailles sans visite guidée : les sifflements des anches, les silences entretenus, les mélodies ténues qui s’échappent dans les voûtes de la chapelle du Grand Hospice de Bruxelles valent toutes les explications cosmogoniques. Ceci n’est pas un Big Bang, ou alors quelques millièmes de secondes avant, sans doute l’atmosphère de cette « échappée du dôme » : la retenue qui masque parfois une lointaine volonté d’en découdre, comme des étoiles radiantes à des millions d’années-lumière. Si puissantes, si lointaines.

Le son d’Audrey Lauro est brut, intense, il laisse peu de place à la lumière, présente sous la forme de ces petites étincelles parcheminées d’un noir d’aniline qui fait les voies lactées. Ces instants sont courts mais ouvrent de nouveaux horizons, des (science-) fictions à développer où les éléments seraient susceptibles de prendre vie ou de s’offrir des attributs sauvages ; ce ciel d’écailles est lézardé, il a le sang froid d’un reptile. Pour se désorienter dans ce monde suggéré par Lauro, une carte charbonneuse accompagne ce disque court et radical paru chez El Negocito Records. Elle est à l’image de la soliste et vaut toutes les notes de pochette : voici les routes, à l’oreille de décider de l’histoire.

par Franpi Barriaux // Publié le 14 avril 2024
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