Chronique

Duo Brady

La Vie d’après

Michèle Pierre, Paul Colomb (cello, comp).

Label / Distribution : Le Ponton des Arts

Voilà un enregistrement qui n’en impose pas mais qui sait vite s’imposer ! Et si l’on veut bien se prêter au petit jeu des allitérations, on évoquera volontiers un « disque discret ». Ils sont deux, Michèle Pierre et Paul Colomb, compositeurs et violoncellistes, qui ont publié sur le label Le Ponton des Arts La Vie d’après, leur second album, après Plaines en 2020.

Bien malin qui saura circonscrire leur univers où s’entrecroisent une myriade d’influences allant de la musique de chambre à une variante acoustique de techno en passant par une pop savante ou par le jazz. Le répertoire écrit n’interdit nullement quelques aventures du côté de l’improvisation, le duo n’hésitant pas à recourir à toutes les possibilités mélodiques ou rythmiques d’un instrument joyeusement chahuté, avec ou sans archet. Aucun effet ajouté en effet, juste le son originel du violoncelle, pour une conversation gourmande et sensible, à forte teneur en lyrisme garantie.

Leur duo complice entame alors un dialogue savoureux qui vous fera passer, en toute fluidité, par un claquement d’archet ou un pizzicato taquin, d’une mélodie contemplative à une forme de transe douce. La Vie d’après se veut une évocation futuriste, où il peut être question d’aller boire un verre sur Mars ou de danser en boîte au milieu d’androïdes. Mais c’est avant tout une rêverie aux couleurs parfois mélancoliques, parfois joyeuses. Comme le souligne parfaitement notre amie Raphaëlle Tchamitchian, il s’agit ici « d’avancer ensemble sur les allées d’un avenir incertain ».

Le titre du disque peut faire penser à ce « monde d’après » qui était promis à ceux qui voulaient bien y croire durant la pandémie de Covid. En réalité, il nous indique une voie à suivre, la seule peut-être en ces temps où quelques principes fondamentaux sont menacés : celle de la liberté de créer, et donc d’exister. En route donc avec le duo Brady !